Photographies de l'exposition ci-dessous |
Tramées
Trame : n.f. 1.
Ensemble des fils tendus sur le métier à tisser et passant
transversalement entre les fils de la chaîne pour constituer le
tissu. 2. Littérature : Ce
qui constitue le fond sur lequel se détachent des événements
marquants : La trame d'un récit. 3.
Architecture : Maillage, quadrillage d'un plan d'architecture ou
d'urbanisme
Passée : subst.f.
1. Dans le tissage, c'est l'allée du fil de trame à
travers la chaîne de la tapisserie.
2. Chasse : a/Lieu
de passage habituel du gibier; b/ Chasse à la passée et,
absol., la passée. Chasse à l'affût, chasse postée.
C'est lors
de ma première visite à l'Orangerie, en automne dernier, que j'ai
découvert les trois grandes tapisseries de M. Latour, architecte et
propriétaire du Château de Saint-Lubin-des-Joncherêts. Lors des
expositions, ces tapisseries sont généralement recouvertes d'un
drap blanc afin que les artistes puissent accrocher leurs oeuvres par
dessus et avoir ainsi plus d'emplacements. C'était le cas, ce
jour-là. Par curiosité, j'ai demandé à les regarder en soulevant
partiellement le voile qui les recouvrait. En effet, j'ai toujours
été attiré par les tapisseries. Pendant ma maîtrise d'arts
plastiques, je me souviens m'être attardé dans la section
tapisserie du Louvre, en particulier devant les monumentales
tapisseries relatant les chasses de Maximilien. Cette attirance est à
rechercher, je pense, dans mon enfance en Egypte où ma mère
décorait notre appartement de tapisseries égyptiennes.
Il
y avait donc dans la grande salle de l'Orangerie une scène de chasse
à courre, une tapisserie représentant des animaux sur un fond de
verdure et enfin, une tapisserie retraçant le récit biblique du
“massacre des innocents”. J'ai alors proposé à Mme Cassoura,
conseillère municipale en charge de la culture, de travailler sur un
dialogue entre ces tapisseries et mon travail. En effet, j'aime
m'inspirer de l'endroit où mes oeuvres vont s'inscrire et créer
ainsi des oeuvres in situ. J'ai inventé le titre "Tramées"
à partir des mots trame et passée. Ce titre
correspond bien à mon travail, très narratif, et permet de tisser
un fil conducteur entre mes peintures et les tapisseries.
Le thème
de la chasse court sur les trois tapisseries : dans la première, qui
traite de la chasse à courre, de manière évidente ; dans la
seconde, les animaux sont des gibiers potentiels ; et enfin, dans la
troisième, le massacre des innocents peut être vu comme une
tragique “chasse à l'homme”. Pour cette exposition, j'ai donc
choisi parmi mes travaux existants des oeuvres qui font écho à la
“chasse” au sens large du terme : ainsi, les sirènes essaient
d'attirer le héros grec dans Ulysse et les sirènes, inspiré
du récit de l'Odyssée
d'Homère. La mort tente d'agripper la jeune fille dans Le
Motard, la jeune fille et la Mort, variation contemporaine
version “bikers” du tableau de Hans Baldung Grien (XVIe
siècle). Le tableau Procris et Céphale dépeint un récit
mythologique où il est question d'un accident de chasse. Enfin, j'ai
inclus dans ma sélection des oeuvres où des figures féminines
comme les Amazones, Judith et Salomé sont des “chasseresses
d'hommes” à leur manière...
Par
ailleurs, je présente tout un corpus d'oeuvres récentes que j'ai
créées pour l'occasion. A partir des mots “chasse” et
“tapisserie”, j'ai tout de suite pensé à la chasse à la
licorne. Le récit de cette chasse fabuleuse est relaté dans de
magnifiques tapisseries du XVe siècle, exposées à New
York. Il se trouve également que pendant ma période de réflexion
au sujet de l'exposition, se tenait une exposition au Musée Cluny à
Paris autour des tapisseries de La Dame à la licorne (XVIe
siècle). J'ai trouvé intéressant d'utiliser cette figure de
la licorne et de créer de nouveaux récits en peinture à partir des
tapisseries du Château de Saint-Lubin des Joncherets : ainsi, la
licorne est poursuivie par le groupe de chasseurs à courre de la
première tapisserie. Elle est associée aux animaux de la seconde.
Enfin, sur le plan symbolique, la licorne permet de compléter le
lien entre les tapisseries puisque des textes du IIe-IVe
siècle lient le Christ encore enfant, cible du Massacre des
innocents, à la licorne, symbole de pureté.
K-S
Bigot
©KSB, Diane (au chien), h/t, 170x120cm,2016 |
©KSB, La licorne et les animaux, h/t, 89x116cm,2016 |
©KSB, Procris et Céphale, h/t, 200x160cm,2016 |
©KSB La dame à la licorne, dessin bic aquarelle, 2015 |
©KSB Autoportrait à la licorne ( d'après D. Zampieri), feutre et aquarelle, 2010 |
Vues d'exposition/Exhibition views :
©KSB, Autoportrait à la corne, Orangerie du château de St lubin des Joncherets(28), 2016 |