mardi 22 février 2011

Le Décaméron

Série de gravures d'après l'oeuvre de Boccace ( XIVe siècle)

J'ai d'abord découvert l'oeuvre de l'auteur italien Boccace à travers le célèbre film de Pasolini. Amusé, j'ai ensuite lu le livre. Aussitôt, des images me sont apparues et j'ai voulu, en tant que peintre et graveur, poursuivre la “fresque” à laquelle de nombreux artistes avant moi avaient participé (Boccace lui-même, Botticelli, etc...).
Le Décameron est composé de cent nouvelles, narrées par sept nobles demoiselles et trois jeunes gens courtois. Chacun d'entre eux raconte dix histoires au cours de dix journées. D'où le titre de l'oeuvre, du grec δέκα, déca, dix, et ἡμέρα, hêméra, jour.
Drôles, intelligentes et parfois licencieuses, plongeant les protagonistes dans des situations souvent cocasses, les cent nouvelles du Décaméron n'ont pas manqué de réveiller mon imaginaire.
J'ai donc choisi dix nouvelles (clin d'oeil à la prééminence du chiffre dix...) que j'ai illustrées par la gravure. Ci-dessous quelques visuels des gravures ainsi que les titres de toutes les gravures réalisées avec le résumé de la nouvelle qu'elles illustrent.
Cliquer sur les images pour les agrandir. Click on images to enlarge ( english version below).
La confession, eau-forte et aquatinte, 20x20cm (Journée I, nouvelle I)
Ciapelletto, à l'approche de la mort, se livre à une fausse confession et trompe un saint frère. Il meurt. Après avoir été, sa vie durant, le pire des bandits, il passe, une fois mort, pour un saint. A tel point que toute la ville défile devant son cercueil et le vénère comme Saint Ciappelletto.
La serrure, eau-forte et aquatinte, 15x20cm (I, IV)
Un abbé soupçonne qu'un de ses moines a des relations charnelles avec une femme et veut le punir sévèrement. Profitant de l'absence de ce dernier et voulant en savoir plus, il se rend alors dans la chambre du moine. L'abbé à son tour succombe aux charmes de l'invitée sous l'oeil de son disciple revenu en cachette. Ce dernier reproche fort à propos à son abbé d'avoir commis le même péché, et échappe ainsi au châtiment.
Les pilleurs de tombes, eau-forte et aquatinte, 20x20cm (II, V)
Andreuccio se rend à Naples pour acheter des chevaux. En une seule nuit, il est victime de plusieurs mésaventures : une femme se fait passer pour sa demi-soeur et en profite pour lui subtiliser son argent ; il rencontre des pilleurs qui l'abandonnent enfermé dans la tombe d'un archevêque mort récemment. Andreuccio croit sa dernière heure venue quand arrive une autre bande de pilleurs, qui s'apprêtent à commettre le même délit. Epouvantés par sa présence dans le réceptacle, ils s'enfuient et laissent la tombe ouverte. Andreuccio rentre alors chez lui, possesseur du rubis de l'archevêque.
La vierge aux macchabées, eau-forte et aquatinte, 15x20cm (II, VII)
La jeune fiancée Alatiel de Babylone est enlevée au cours du voyage qui la destine en mariage à un roi étranger. Pendant plusieurs années, diverses péripéties l'a font passer, en divers pays, aux mains de huit hommes. Rendue finalement à son père comme vierge, elle épouse le roi, selon les premières conventions.
Les fruits défendus, eau-forte et aquatinte, 20x20cm (III, I)
Masetto se fait passer pour muet et devient le jardinier d'un couvent de bonnes soeurs. Profitant de son état simplet, celles-ci se disputent la faveur de coucher avec lui. Il passe ainsi de nonne en nonne. Croulant sous les demandes des soeurs insatiables et s'épuisant à la tâche, Masetto délie un jour sa langue pour se plaindre : les soeurs crient au miracle, en font leur intendant et s'arrangent pour ménager ses fatigues au mieux de sa résistance.
Le coeur mangé, eau-forte et aquatinte, 15x20cm (IV, IX )
Guillame de Roussillon tue l'amant de sa femme. Il fait manger à la dame le coeur de la victime. En apprenant la vérité, la malheureuse se précipite d'une fenêtre élevée.
Le rossignol, eau-forte et aquatinte, 25x20cm (V, IV)
Un jeune couple d'amoureux trouve le moyen de coucher ensemble : la jeune fille réclame à sa mère la permission de dormir sur la terrasse pour entendre chanter le rossignol. Fatigués par leurs ébats, les amants s'endorment et sont surpris au petit matin par les parents de la jeune fille. Par remords de la faute commise, par amour pour la belle et par peur de la vengeance du père, le jeune gentilhomme épouse la fille et reste ainsi en bons termes avec son beau-père.
La jarre, eau-forte et aquatinte, 20x15cm (VII,II)
Surprise par le retour inopiné de son mari, Péronelle introduit son amant dans un tonneau. Le mari vient d'en faire la vente. Elle prétend l'avoir elle-même déjà vendu à un homme, précisément en train d'examiner si l'intérieur est en bon état. L'individu sort de sa cachette et pendant qu'il fait râcler l'intérieur du tonneau par le mari, il profite à nouveau de l'épouse.
La danse sur le coffre, eau-forte et aquatinte, 20x15cm (VIII, VIII)
Il y avait deux amis. Le second couchait avec la femme du premier. Le premier s'en aperçoit. Avec la complicité de la dame, il enferme le second dans un coffre. Sur ce coffre, il prend à son tour la femme de la victime, qui s'offre à lui pour payer l'adultère de son mari. Il révèle ensuite la présence du mari dans le coffre : les couples sont quittes et décident de partager femmes et maris.
L'enchantement, eau-forte et aquatinte, 15x20cm (IX, X)
Afin d'augmenter leur commerce, un couple de pauvres paysans insiste auprès d'un prêtre pour que celui-ci, qui prétend en avoir le don, transforme l'épouse en jument. Le prêtre se livre alors à une pratique de magie...fort sexuelle ! Au moment le prêtre s'emploie à “accrocher la queue” de la jument, le mari, inquiet, s'écrie à haute voix qu'il ne veut pas de queue. Il rompt ainsi l'enchantement.
English version :
I first discovered the work of Italian author Boccaccio through Pasolini's famous film. Amused, I then read the book. Immediately, images appeared to me and I wanted to, as a painter and engraver, pursue the "fresco" in which many artists before me had participated ( Boccaccio himself ,Botticelli ,etc. ...).

The Decameron consists of one hundred stories, narrated by seven noble ladies and three young fellows. Each of them tells ten stories in ten days. Hence the title of the work, from the Greek δέκα, deca, ten, and ἡμέρα, Hemera, day.

Funny, smart, and sometimes licentious, immersing characters in situations that are often funny, the one hundred news from the Decameron have not failed to awaken my imagination.
So I chose ten new (nod to the rule of number ten ...) I've illustrated by etchings.